Ć»ąűŇůÔş

Une mutation génétique à l’origine d’une maladie pulmonaire chronique chez des enfants autochtones

Une mutation génétique rare pourrait expliquer pourquoi les enfants autochtones présentent des taux beaucoup plus élevés d’infections respiratoires et de maladies pulmonaires chroniques.

Logements surpeuplĂ©s, taux Ă©levĂ© d’exposition au tabac, faible taux de vaccination et lĂ©sions consĂ©cutives Ă  une infection respiratoire grave dans la petite enfance : voilĂ  quelques raisons parfois avancĂ©es pour expliquer pourquoi les enfants autochtones souffrent davantage d’infections pulmonaires graves que les autres enfants d’AmĂ©rique du Nord, sans preuve concluante Ă  ce sujet. Selon une Ă©quipe de scientifiques dirigĂ©e par le , MD, Ă  l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć»ąűŇůÔş (IR-CUSM), l’une des explications pourrait rĂ©sider dans une mutation gĂ©nĂ©tique spĂ©cifique connue pour causer une maladie rare appelĂ©e dyskinĂ©sie ciliaire primaire (DCP). En collaboration avec d’autres mĂ©decins et scientifiques au Canada et aux États-Unis, le Dr Shapiro a dĂ©couvert quatre cas de cette maladie chez des enfants autochtones nord-amĂ©ricains sans lien de parentĂ©, causĂ©s par des mutations identiques du gène DNAL1. Cette dĂ©couverte fait l’objet d’un article publiĂ© rĂ©cemment dans The Journal of Pediatrics.

« Lorsque nous avons trouvĂ© des enfants des Premières Nations atteints de dyskinĂ©sie ciliaire primaire causĂ©e par des mutations dans un gène extrĂŞmement rare, nous savions qu’il y aurait d’autres cas, alors nous avons continuĂ© Ă  chercher. Le fait que nous ayons trouvĂ© quatre cas parmi des populations indigènes dispersĂ©es suggère que la DCP pourrait ĂŞtre beaucoup plus frĂ©quente chez les Premières Nations que nous ne l’avions jamais pensĂ©, » dĂ©clare le Dr Shapiro, Professeur agrĂ©gĂ©, DĂ©partement de pĂ©diatrie, FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ©, UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş, chercheur au sein du  à l’IR-CUSM et pneumologue pĂ©diatrique Ă  l’HĂ´pital de MontrĂ©al pour enfants du CUSM. « Cela devrait encourager d’autres mĂ©decins en AmĂ©rique du Nord Ă  dĂ©tecter la DCP chez les enfants indigènes souffrant de maladies pulmonaires chroniques. »

La dyskinésie ciliaire primaire est une maladie génétique rare des cils, ces structures microscopiques ressemblant à des poils qui balaient les voies respiratoires, les oreilles et les sinus pour les protéger des particules inhalées et des bactéries à l’origine d’infections. Les symptômes de la DCP se manifestent généralement peu après la naissance ou dans la petite enfance. Ils comprennent une toux grasse chronique et une congestion nasale, ainsi que des pneumonies récurrentes et des infections de l’oreille moyenne. Dans de nombreux cas, la DCP est également associée à une bronchectasie – une maladie chronique caractérisée par des lésions permanentes des voies respiratoires, qui est 30 à 40 fois plus fréquente dans certaines populations indigènes que dans les riches sociétés occidentales. Les enfants atteints de DCP doivent souvent être hospitalisés.

« Les personnes atteintes de DCP ne peuvent pas évacuer efficacement le mucus de leurs poumons, ce qui entraîne de nombreuses infections des bronches. Mais comme les symptômes de la DCP ressemblent à ceux d’autres maladies pulmonaires courantes, la maladie passe souvent inaperçue, » explique le Dr Shapiro, qui a travaillé pendant de nombreuses années avec le Genetic Disorders of Mucociliary Clearance Consortium à l’élaboration des critères diagnostiques de la DCP.

L’importance d’un diagnostic précoce

Lorsque la maladie est diagnostiquée à un stade précoce, un traitement peut être proposé pour ralentir sa progression. Malheureusement, le diagnostic de la DCP est difficile, car il nécessite une série de tests pour écarter des diagnostics plus courants, ainsi que des tests spécialisés pour trouver les gènes défectueux liés à la maladie.

« Jusqu’à présent, nous avons trouvé des variantes dans plus de 50 gènes différents qui causent la DCP, et c’est pourquoi notre découverte de mutations identiques dans un gène précis, dans des populations géographiquement éloignées des Premières Nations canadiennes et des peuples autochtones d’Amérique, est si significative, ajoute le Dr Shapiro. Notre découverte signifie que d’autres tests génétiques pour la DCP et des analyses de population pourraient permettre de détecter un plus grand nombre de patients autochtones atteints de DCP, qui bénéficieraient d’une reconnaissance précoce de la maladie et d’un début de traitement en temps opportun. Cela signifie également que les affections respiratoires chez les enfants autochtones ne devraient pas être imputées à des expositions socio-économiques ou à des dommages causés par des infections respiratoires antérieures, à moins que des tests approfondis (y compris des tests génétiques pour la DCP) n’aient été effectués. »

Les auteurs de l’étude soulignent que la DCP devrait être suspectée et recherchée chez les patients autochtones en présentant les principales caractéristiques cliniques dès la petite enfance, ou en cas de bronchectasie. Dans les centres de santé ne disposant pas d’une expertise spécifique en matière de DCP, le diagnostic pourrait être effectué à l’aide de tests génétiques commerciaux.

Recherche orientée vers le patient

Activement engagé dans la découverte de nouveaux gènes pour la DCP, le Dr Shapiro tient une clinique au CUSM qui fournit des tests de diagnostic de pointe, avec des tests de phénotypage et de génotypage. Il participe également à de nombreux essais pharmaceutiques portant sur de nouveaux agents thérapeutiques destinés à traiter la DCP et d’autres maladies respiratoires.

« Ici, au CUSM, nous avons diagnostiquĂ© l’une des plus grandes populations de patients atteints de DCP au monde. Nous avons dĂ©veloppĂ© une expertise spĂ©cialisĂ©e et acquis l’une des seules machines au Canada capable d’effectuer un test non invasif pour mesurer un gaz spĂ©cial sortant du nez appelĂ© oxyde nitrique nasal, dont le taux est très faible chez les patients atteints de DCP, explique le Dr Shapiro, qui est Ă©galement professeur agrĂ©gĂ© au dĂ©partement de pĂ©diatrie de l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş. Ce que nous faisons est de la vĂ©ritable recherche orientĂ©e vers le patient : une recherche qui fait partie des soins cliniques. »

À propos de l’étude

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đĚýDeletions in DNAL1 Cause Primary Ciliary Dyskinesia Across North American Indigenous Populations a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Karolina Poplawska, Anne Griffiths, Renee Temme, Darryl J. Adamko, Keith Nykamp et Adam Shapiro.

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Ressource pour les médias

Fabienne Landry
Centre universitaire de santĂ© Ć»ąűŇůÔş
fabienne.landry [at] muhc.mcgill.ca
514 812-7722

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