Ć»ąűŇůÔş

Nouvelles

Asthme et allergies: des dizaines de gènes altérés

Les données recueillies pourraient fournir des cibles pour des médicaments destinés à traiter ces maladies

Des chercheurs du Canada, du Royaume-Uni, de Suède et des États-Unis ont découvert plus de 30 gènes qui ont une incidence majeure sur un anticorps causant l’asthme et des allergies. Selon l’étude menée par l’équipe de recherche internationale parue en ligne dans le numéro de 18 février de la revue spécialisée Nature, certains de ces gènes pourraient fournir des cibles pour des médicaments destinés à traiter ces maladies.

±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 20 February 2015

En Europe et en Amérique du Nord, 30 pour cent de la population souffrent d’allergies, et 10 pour cent des enfants sont asthmatiques. L’immunoglobuline E (IgE) est l’anticorps qui déclenche les réactions allergiques au sein de ces groupes.  

Les chercheurs, dont quatre sont rattachĂ©s Ă  l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş, ont dĂ©couvert que les gènes sont concentrĂ©s en Ă©osinophiles, des globules blancs qui provoquent l’inflammation des voies respiratoires chez les sujets asthmatiques. Les gènes indiquent le moment oĂą les Ă©osinophiles sont activĂ©s et modulĂ©s de sorte de causer les consĂ©quences les plus marquĂ©es.

Si des traitements visant à neutraliser les éosinophiles existent, ils sont néanmoins très coûteux et uniquement efficaces lorsqu’administrés chez des personnes asthmatiques. Ainsi, les signaux d’activation découverts ouvrent la voie à de nouveaux moyens d’orienter les traitements en prédisant les sujets susceptibles d’y répondre, et ce, avant même que le médicament ne soit administré.

Pour dĂ©couvrir ces gènes, l’équipe de recherche a fait appel Ă  une technique novatrice : l’étude d’association Ă  grande Ă©chelle de marques Ă©±čľ±˛µĂ©˛ÔĂ©łŮľ±±çłÜ±đs (epigenome-wide association study). Bien qu’ils ne modifient pas la sĂ©quence sous-jacente du code gĂ©nĂ©tique, les changements Ă©±čľ±˛µĂ©˛ÔĂ©łŮľ±±çłÜ±đs Ă  l’ADN peuvent nĂ©anmoins ĂŞtre transmis au moment de la division cellulaire. Ils programment les cellules pour former des catĂ©gories et des tissus spĂ©cialisĂ©s.

« L’étude du gĂ©nome humain se penche dĂ©sormais sur la façon dont les modifications chimiques de l’ADN, notamment influencĂ©es par l’environnement, peuvent entraĂ®ner des consĂ©quences marquĂ©es sur la santĂ© humaine », a indiquĂ© Mark Lathrop, directeur scientifique du Centre d’innovation GĂ©nome QuĂ©bec et UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş et l’un des cochefs de l’étude. « Dans le cadre de nos travaux, nous avons dĂ©montrĂ© que certaines modifications Ă©pigĂ©nomiques jouent un rĂ´le dans le dĂ©clenchement d’affections atopiques telles que les allergies et l’asthme. Ces nouvelles connaissances tracent la voie vers l’investigation du potentiel thĂ©rapeutique de plusieurs cibles novatrices. »

Les changements Ă©±čľ±˛µĂ©˛ÔĂ©łŮľ±±çłÜ±đs sont le plus facilement repĂ©rĂ©s par l’observation de modifications aux molĂ©cules mĂ©thyliques jointes au cĂ´tĂ© du brin d’ADN. Les chercheurs ont donc concentrĂ© leurs travaux sur les points nĂ©vralgiques de mĂ©thylation, notamment appelĂ©s îles CpG, positionnĂ©es Ă  proximitĂ© de plusieurs gènes. Ils ont vĂ©rifiĂ© si les taux de mĂ©thylation de ces Ă®les, dans les leucocytes d’individus souffrant ou non d’asthme, Ă©taient corrĂ©lĂ©s au taux sanguin d’IgE. Ils sont parvenus Ă  Ă©tablir de solides liens entre l’IgE et la mĂ©thylation d’îles CpG Ă  36 sites, dans 34 gènes. Chez les sujets asthmatiques, ces gènes produisent un taux accru d’IgE, ce qui contribue Ă  l’apparition de symptĂ´mes de l’asthme.

Certains des gènes liés à l’IgE ont été décelés dans les cellules éosinophiles. Les chercheurs ont donc séparé les cellules éosinophiles du sang de 24 sujets pour ensuite cibler chacun des 34 gènes entraînant l’incidence la plus marquée auprès d’individus asthmatiques présentant des taux élevés d’IgE. Les globules blancs de sujets issus de familles asthmatiques de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, au Québec, ont été utilisés afin de vérifier la validité d’analyses d’échantillons menées auprès de familles résidant au Royaume-Uni.

Les chercheurs de Ć»ąűŇůÔş Mark Lathrop, Elin Grundberg, Stephan Busche et Tomi Pastinen figurent parmi les coauteurs de l’étude.

Les fonds principaux consentis pour la réalisation de cette étude proviennent du Freemasons’ Grand Charity, du Wellcome Trust et de subventions du gouvernement du Québec.

L’article « An epigenome-wide association study of total serum immunoglobulin E concentration » a été publié en ligne le 18 février 2015 dans la revue spécialisée Nature.
DOI : 10.1038/nature14125 

Back to top