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Les corticostéroïdes inhalés peuvent-ils soulager les premiers symptômes de la COVID-19?

Les résultats de l’étude CONTAIN menée à l’IR-CUSM révèlent que le ciclésonide ne fait pas mieux que le placébo.
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 2 November 2021

MalgrĂ© les espoirs, une nouvelle Ă©tude pancanadienne publiĂ©e aujourd’hui dans The BMJ rĂ©vèle que le ciclĂ©sonide — un mĂ©dicament stĂ©roĂŻde nasal et inhalĂ© employĂ© couramment pour traiter l’asthme et la rhinite — n’aura pas la capacitĂ© de changer le cours de la pandĂ©mie. Les rĂ©sultats de ce premier essai de stĂ©roĂŻdes inhalĂ©s pour traiter la COVID-19 contrĂ´lĂ© par placĂ©bo, menĂ© par une Ă©quipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć»ąűŇůÔş (IR-CUSM) Ă  MontrĂ©al, en collaboration avec des scientifiques du Sunnybrook Health Sciences Centre Ă  Toronto, du Vancouver Coastal Health Research Institute et de l’UniversitĂ© de la Colombie-Britannique Ă  Vancouver, dĂ©montrent que les corticostĂ©roĂŻdes inhalĂ©s ne rĂ©ussissent pas mieux que le placĂ©bo Ă  accĂ©lĂ©rer la guĂ©rison de jeunes personnes en bonne santĂ© atteintes du virus et prĂ©sentant des symptĂ´mes respiratoires.

En dĂ©but de pandĂ©mie, la Dre Nicole Ezer, première auteure de l’étude, a lu des Ă©tudes d’après lesquelles le traitement au ciclĂ©sonide — un mĂ©dicament sĂ©curitaire, peu coĂ»teux et très accessible — pouvait rĂ©duire la reproduction virale du SRAS-Cov2 dans des modèles murins de COVID-19. Afin de valider le soulagement des symptĂ´mes chez des adultes atteints du virus et prĂ©sentant des symptĂ´mes respiratoires, la Dre Ezer a rĂ©uni une Ă©quipe de chercheurs avec le soutien de l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunitĂ© de l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş (MI4) et de la Fondation du CUSM. L’équipe a conçu un essai clinique randomisĂ©, Ă  double insu et contrĂ´lĂ© par placĂ©bo pour Ă©valuer l’efficacitĂ© du ciclĂ©sonide inhalĂ©.

« Sur la base de mon expertise dans le traitement de l’asthme, il était logique de vérifier si ce médicament pouvait diminuer l’inflammation pulmonaire durant les premières phases de l’infection, puisque les maladies pulmonaires affectent grandement les patients et qu’elles constituent un effet majeur du virus, explique la Dre Ezer, qui est pneumologue et scientifique au sein du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires à l’IR-CUSM. En outre, nous tenions à étudier un médicament pour traiter les symptômes respiratoires qui présentait un très bon profil de sécurité, et pouvant desservir les pays à faible revenu, à revenu intermédiaire et à revenu élevé. L’accès à des médicaments abordables est essentiel pour corriger l’inégalité des soins de santé à travers le monde. »

L’importance du contrôle par placébo

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ a recrutĂ© un total de 215 adultes symptomatiques entre le 15 septembre 2020 et le 8 juin 2021. Les participants ont reçu au hasard un traitement de 14 jours de ciclĂ©sonide inhalĂ© et nasal ou un placĂ©bo inhalĂ© et nasal. Ils ont rĂ©pondu Ă  un questionnaire en ligne le jour du recrutement, puis Ă  six sondages supplĂ©mentaires en 14 jours. Ils ont finalement rempli un sondage de suivi au 29e jour pour recueillir les rĂ©sultats Ă  plus long terme.

Partant de l’hypothèse que le traitement agirait mieux lorsqu’administrĂ© en dĂ©but d’infection, on a recrutĂ© les participants dans les cinq jours suivant un rĂ©sultat positif au test PCR pour le SRAS-CoV-2 et l’apparition des symptĂ´mes. Ceux-ci ont reçu le traitement Ă  domicile par messagerie commerciale. ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ n’a inclus aucune personne vaccinĂ©e.

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ n’a rĂ©vĂ©lĂ© aucune diffĂ©rence notable entre le groupe traitĂ© au ciclĂ©sonide et le groupe de contrĂ´le. Après sept jours de traitement, 40 % (42/105) des participants ayant pris le mĂ©dicament ne prĂ©sentaient plus de fièvre ni de symptĂ´mes respiratoires, contre 35 % (34/98) de ceux ayant pris le placĂ©bo. Au 14e jour, il s’agissait de 66 % (69/105) des participants du « groupe ciclĂ©sonide », contre 58 % (57/98) des participants du « groupe placĂ©bo ».

Ces résultats déçoivent, d’autant plus que deux récentes études ouvertes avaient fait naître l’espoir dans la communauté scientifique que les stéroïdes inhalés pourraient soulager les symptômes respiratoires associés à la COVID-19. Une étude démontrait également l’efficacité de la dexaméthasone chez les patients atteints et hospitalisés.

« Les Ă©tudes publiĂ©es prĂ©cĂ©demment contenaient une faille importante : elles Ă©taient ouvertes et ne comportaient pas de volet placĂ©bo. D’autres Ă©tudes indiquent par ailleurs que les inhalateurs ont eux-mĂŞmes un fort effet placĂ©bo, explique l’auteure principale de l’étude, la Dre Emily McDonald, qui est directrice de l’UnitĂ© d’évaluation des pratiques cliniques du CUSM et professeure agrĂ©gĂ©e de mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş. VoilĂ  la preuve que toute Ă©tude sur un mĂ©dicament, en particulier sur les inhalateurs, se doit d’être contrĂ´lĂ©e avec un placĂ©bo avant que nous nous empressions de recommander son utilisation. »

En dépit des résultats de l’étude CONTAIN, les chercheurs croient toujours au potentiel des stéroïdes inhalés pour traiter la COVID-19.

« Il demeure plausible que les stĂ©roĂŻdes inhalĂ©s soient bĂ©nĂ©fiques pour les populations plus âgĂ©es et Ă  risque, explique la Dre Ezer, qui est Ă©galement professeure adjointe de mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş. Nous devons axer davantage de recherches sur les personnes plus âgĂ©es et sur les personnes Ă  haut risque. Ces Ă©tudes doivent comporter un contrĂ´le par placĂ©bo pour Ă©viter qu’elles ne tirent de fausses conclusions positives. »

Collaborer de façon novatrice pour relever les défis de la pandémie

Grâce à une nouvelle plateforme développée à l’IR-CUSM, l’ensemble de l’étude a pu se dérouler sans contact. Du formulaire de consentement à la preuve d’identité en passant par les sondages de suivi, tout s’est effectué en ligne. L’équipe a pu recruter rapidement les participants à travers trois provinces lors de la deuxième et de la troisième vague de la pandémie à l’aide de cette plateforme novatrice.

« Il est tout nouveau de pouvoir recruter des patients à domicile, de leur expédier les médicaments et de faire le suivi par téléphone dans le cadre d’un essai clinique », explique la Dre McDonald, qui a participé à créer la plateforme en ligne pour mener des essais cliniques pendant la pandémie. « Nous avons démontré que nous sommes en mesure de le faire de manière sécuritaire et efficace, partout au Canada. »

Avec la participation de chercheurs du Sunnybrook Health Sciences Centre et de l’Université de la Colombie-Britannique, le recrutement des participants s’est vite étendu aux provinces de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.

« ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ CONTAIN illustre qu’il est indispensable de mener des Ă©tudes rigoureuses et contrĂ´lĂ©es par placĂ©bo pour confirmer les rĂ©els bienfaits d’un traitement, dĂ©clare le Dr Nick Daneman, clinicien-chercheur et spĂ©cialiste des maladies infectieuses au Sunnybrook Health Sciences Centre. Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 2020, notre programme de consultation COVIDEO a suivi près de 10 000 patients, et nous n’avons eu recours Ă  aucun traitement non validĂ©. Le ciclĂ©sonide est un mĂ©dicament sĂ©curitaire, et en thĂ©orie on aurait pu espĂ©rer qu’il aide Ă  accĂ©lĂ©rer la guĂ©rison des symptĂ´mes de la COVID. Nous Ă©tions ravis de pouvoir le proposer Ă  nos patients dans le cadre de l’essai clinique. Mais en fin de compte, il s’avère que celui-ci n’a probablement pas d’incidence sur l’évolution de la COVID. »

« La recherche doit à présent se pencher sur les traitements destinés aux patients externes qui subissent les premières phases de la COVID-19, déclare la Dre Sara Belga, professeure clinique adjointe à la division des maladies infectieuses de l’Université de Colombie-Britannique et chercheuse principale de l’étude CONTAIN au Vancouver Coastal Health Research Institute. Notre équipe demeure engagée à évaluer des médicaments susceptibles d’accélérer la guérison de la COVID-19, et à réduire la pression exercée sur le système de santé. »

« L’innovation émerge lorsqu’on a les ressources nécessaires pour soutenir des projets comme CONTAIN, déclare Julie Quenneville, présidente-directrice générale de la Fondation du CUSM. Même si cette étude n’a pas donné les résultats que les chercheurs espéraient, il est impératif de donner à nos meilleurs talents le temps et le financement dont ils ont besoin pour trouver des réponses à la COVID-19 et à d’autres affections potentiellement mortelles. »

À propos de l’étude

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Nicole Ezer, Sara Belga, Nick Daneman, Adrienne Chan, Benjamin M Smith, Shay-Anne Daniels, Kristen Moran, Charlotte Besson, Louisa Y Smyth, Susan J Bartlett, Andrea Benedetti, James G Martin, Todd C Lee et Emily G McDonald.

Le financement de cette Ă©tude a Ă©tĂ© assurĂ© par l’Initiative interdisciplinaire en infections et immunitĂ© de l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş (MI4) et par la Fondation du CUSM.


À propos de l’IR-CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć»ąűŇůÔş (IR-CUSM) est un centre de recherche de rĂ©putation mondiale dans le domaine des sciences biomĂ©dicales et de la santĂ©. Établi Ă  MontrĂ©al, au Canada, l’institut, qui est affiliĂ© Ă  la facultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć»ąűŇůÔş (CUSM) — dont le mandat consiste Ă  se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communautĂ©. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 Ă©tudiants et stagiaires qui se consacrent Ă  divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santĂ© Ă©valuative aux sites Glen et Ă  l’HĂ´pital gĂ©nĂ©ral de MontrĂ©al du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des dĂ©couvertes destinĂ©es Ă  amĂ©liorer la santĂ© des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du QuĂ©bec — SantĂ© (FRQS).


L'UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş

FondĂ©e en 1821 Ă  MontrĂ©al, au QuĂ©bec, l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş se classe parmi les meilleures universitĂ©s au Canada et dans le monde, annĂ©e après annĂ©e. Établissement d’enseignement supĂ©rieur renommĂ© partout dans le monde, l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş exerce ses activitĂ©s de recherche dans deux campus, 11 facultĂ©s et 13 Ă©coles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delĂ  de 40 000 Ă©tudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supĂ©rieurs. Elle accueille des Ă©tudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 Ă©tudiants internationaux reprĂ©sentant 31 % de sa population Ă©tudiante. Au-delĂ  de la moitiĂ© des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© Ć»ąűŇůÔş ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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