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Book cover of "Race, Class, and Politics in the Cappuccino City"Derek S. Hyra. Race, Class, and Politics in the Cappuccino City, Chicago, University of Chicago Press, 2017.

Lecture commentée par Will Straw, codirecteur d’axe (mai 2020) :

Dans quelles circonstances l’ouverture d’un parc canin dans un quartier pourrait-elle provoquer de l’anxiété? C’est l’une des questions intrigantes explorées dans l’ouvrage de Derek S. Hyra sur l’embourgeoisement à Washington, D. C. Professeur associé au Département d’administration et de politiques publiques à l’American University de Washington (et directeur fondateur de son Metropolitan Policy Center), Hyra retrace les façons dont des formes en apparence bénignes de changement dans le profil des districts urbains peuvent dissimuler la violence discrète de nouvelles formes d’exclusion et de racisme.

Le point central du livre de Hyra est le quartier Shaw/U Street de Washington, D. C., le cœur historique de la vie culturelle afro-américaine de la ville et, de plus en plus, le foyer de riches embourgeoiseur·se·s blanc·he·s. Ces embourgeoiseur·se·s se contentent, pour la plupart, de préserver les marques matérielles du patrimoine culturel noir du quartier, qui confèrent au secteur son authenticité historique, même si leur propre présence contribue à son inaccessibilité pour ses résident·e·s d’origine et au lent retrait des ressources destinées à des institutions publiques telles que les écoles publiques. (Les embourgeoiseur·se·s blanc·he·s tendent à envoyer leurs enfants dans des écoles privées.)

L’ouvrage de Hyra déploie une série de termes utiles pour décrire les processus qui se manifestent à Washington. La « ségrégation dans la diversité » (« diversity segregation ») désigne cette condition urbaine où les communautés différenciées par la race et la classe vivent côte à côte, mais interagissent rarement. Tout jugement politique sur les changements affectant le quartier est brouillé par le fait que les nouveaux·elles résident·e·s s’engagent activement dans la construction de nouveaux modes de vie consacrés aux sexualités alternatives, au végétarisme, au soin des animaux et aux moyens de transport à faible impact (comme les vélos). Si ces modes de vie sont les indicateurs familiers d’un urbanisme progressif, ils sont souvent, pour les résident·e·s de longue date d’un quartier, des signes que leur habitat se voit reconstruit et redéfini sans eux·elles. Un parc canin, pour certain·e·s de ces résident·e·s, envoie le message subtil qu’il·elle·s ne sont pas les bienvenu·e·s.

Le titre du livre vise à rendre compte du mouvement constant des riches blanc·he·s à Washington, D.C., au point que, au début des années 2000, la ville a cessé d’en être une où les Afro-Américain·e·s étaient majoritaires. L’histoire racontée dans cet ouvrage perspicace est celle d’une métropole autrefois célébrée (par le groupe funk Parliament et d’autres) comme « ville chocolat » qui se fait blanchir avec le temps.

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